TERGNIER (02) Photo du bébé martyrisé sur Facebook : quatre ans ferme pour les parents
Ils maltraitaient leur petit de cinq semaines sous les yeux de la grand-mère. Une photo publié sur Facebook a fait basculer la vie de l’enfant : il est en vie, ses parents en prison.
Un souffre-douleur, une chose, un rebut. Pas même à un animal, Julien et Nadia n’auraient pu faire subir ce qu’ils ont fait endurer à leur petit Kilian (prénoms d’emprunt). D’ailleurs c’est simple, l’appartement dans lequel cet enfant de cinq semaines a vécu le calvaire en 2014 à Tergnier était noir de chats et de chiens. Pas un qui n’ait été maltraitén rapporte l’Union. Nadia qui leur laissait laper la boîte de lait du petit les aimait bien, ces bêtes hébergées par sa mère. S’était-elle rendu compte que ça puait l’urine ? Que c’était jonché de crottes, comme le décriront plus tard les policiers ? Kilian doit d’être encore en vie aujourd’hui à la publication par son père d’une photo de lui sur le réseau Facebook. Julien explique au tribunal qu’en postant cette image de son enfant, il a voulu lancer un appel au secours. La photo d’un gamin blanc, tuméfié, quasi mort. « Il était fier de son geste ! », analyse au contraire Philippe Vignon, l’avocat qui agissait hier en défense du petit au nom du conseil départemental. « La perversion a rivalisé avec la bêtise. » Une cousine visionne la page. C’est elle qui alerte les policiers. Le 28 juillet 2014, le calvaire de Kilian prend peut-être fin.
Les magistrats du tribunal correctionnel de Laon ont épuisé la matinée d’hier à essayer de comprendre comment un jeune couple – lui avait 22 ans à l’époque des faits et elle 18 ans – en est venu, dans les premiers jours de la vie de leur nourrisson, à le martyriser et à l’utiliser pour « passer ses nerfs ». Julien et Nadia se disputaient souvent. Lui rentrait tard de Noyon où il travaillait dans la ferraille avec son père. Jamais là avant une ou deux heures et matin. Maltraité par sa mère et placé à 2 ans, il a déjà eu un enfant d’une précédente union mais ne le connaît pas. Elle, Nadia, ne travaille pas, et vit chez sa mère dont les quatre autres enfants ont tous été placés.
Un an avant les faits, Nadia a avorté en cachette de son compagnon car « C’était des jumeaux. Je n’étais pas prête à avoir des enfants », explique-t-elle. Tous deux souffrent d’une légère déficience mentale, vestige de carences sociales et éducatives manifestes. La mère de Nadia est là aussi, accusée à 41 ans de n’avoir pas alerté la justice alors que tout se déroulait à son domicile. « J’avais peur de la famille de Julien », oppose-t-elle. Et Julien, qui nie avoir donné beaucoup de coups ? « J’avais peur de la famille de Nadia », justifie-t-il, tandis que cette dernière dit avoir craint aussi les claques de son ami. Dans ce huis clos invivable, Kilian est extrait in extremis alors que les intervenants de la Protection maternelle infantile, sommairement informés, n’avaient encore rien enclenché pour faire cesser ce martyre. Héliporté à Amiens, soigné pendant plusieurs semaines, le gamin est placé dans l’Oise. Les médecins ne peuvent encore certifier l’absence de graves séquelles à venir. Le parquet a requis huit ans d’emprisonnement à l’encontre du couple et un an contre la grand-mère. À la défense, M e Carlier-Brame, Letissier et Gioanni ont bataillé pour ne pas alourdir l’itinéraire de chacun. Quatre années de prison ont été infligées aux parents destitués de leur autorité parentale. La grand-mère est sanctionnée par une peine de dix-huit mois. L’ensemble des sommes à payer s’élève à 12 500 euros.
Source : Courrier Picard