Tentative de viol à Chauny / Un accusé insaisissable
AISNE. Ce n’est pas se montrer irrespectueux de la justice d’affirmer que les assises empruntent beaucoup au rituel du théâtre. La pièce peut être mauvaise ou bonne selon le talent des acteurs. Dans ce registre, aucune raison de manifester des inquiétudes. Me Eric Dupond-Moretti, champion de France du nombre d’acquittements obtenu avec 113 victoires au compteur à la mi- mars, est annoncé dans l’arène le lundi 8, le mardi 9 et le mercredi 10 avril.
Il vient défendre un chômeur accusé de tentative de viol à Chauny le 3 avril 2010. En face, pour soutenir la victime alors mineure, Me Philippe Vignon, avocat du barreau de Saint-Quentin, peut s’enorgueillir d’habituels succès.
Evasion par la fenêtre
Les deux ténors s’apprécient mais devraient témoigner d’une égale détermination dans cette affaire rocambolesque. L’accusé, un chômeur de 29 ans, mérite assurément le titre de personnage. Entendu comme témoin, il affirme qu’il a été victime d’une agression sexuelle, au moment des faits qui lui sont reprochés, et décrit même un homme portant un jean et des baskets blanches.
Mais lors de l’enquête, la victime reconnaît la voix de l’accusé. A ce moment, ce dernier se plaint d’un malaise et s’enfuit par la fenêtre. Il est arrêté deux heures plus tard par les gendarmes, et assume la tentative de viol. Il est placé derrière les barreaux et tente de mettre fin à ses jours à deux reprises. La seconde tentative se déroule au centre hospitalier de Laon au moyen d’une corde. Il est alors dirigé vers l’hôpital de santé mentale de Prémontré.
L’accusé évoque des pressions mais son ADN est retrouvé sur les vêtements et une partie du corps de la victime. Il ne fait pas de doute qu’il ne dit pas toujours la vérité, notamment lorqu’il affirme être pompier volontaire. Pour autant, il n’est pas prouvé qu’il ment tout le temps. Des éléments plaident en sa faveur. Il n’a jamais été condamné et des commentaires mettent en avant son profil serviable et travailleur. Un expert le considère d’ailleurs comme non dangereux sur le plan psychiatrique.
Chaque camp dispose d’arguments forts, la science pour l’accusation, un profil loufoque, peut être insaisissable, pour la défense. Mais pas un pervers.
Durant trois jours, les débats publics, ne devraient pas manquer d’intensité et de coups de… théâtre.
Source : Rédaction en ligne – l’Union