Saint-Quentin : vers 23 h, alcoolisés, ils fêtent une naissance à l’hôpital privé
En fêtant une naissance, à une heure tardive à l’hôpital privé Saint-Claude, quatre individus ont été condamnés à de la prison ferme.
Des pleurs et même des cris dans les couloirs, quadrillés par un service d’ordre armé plutôt impressionnant, ont retenti, ce mardi après-midi, au second étage du tribunal correctionnel de Saint-Quentin. L’annonce des peines de prison ferme (Curtys Hurtebise : 14 mois ; Heval Tay : 5 mois dont 3 avec sursis ; Franck Turbe : 6 mois ; Brandon Turbe : 7 mois dont 4 avec sursis), a ébranlé les familles. Il faut admettre qu’elles croyaient bien que ce procès, pour violence et rébellion en réunion, serait aussi celui de la police en raison d’une interpellation musclée.
Sept policiers débarquent à l’hôpital à 23 h
Les faits débutent ce 14 décembre vers 23 heures, à l’entrée des urgences et à l’intérieur. Un peu plus tôt dans la soirée, le personnel de l’hôpital et même un médecin, décident d’appeler le commissariat de police pour mettre un terme aux agissements de quinze trublions qui perturbent la quiétude de l’hôpital privé Saint-Claude. Ils étaient venus féliciter la femme de Brandon Turbe, ayant accouché dans la journée. Appelés, sept policiers, à bord de trois voitures, se rendent sur place cesser ce chahut.
Mais voilà, le contrôle des identités et les interpellations prennent une mauvaise tournure devant l’agressivité des énergumènes, particulièrement éméchés en raison d’un après-midi arrosé. Les coups pleuvent, les insultes volent et tout le monde finit en garde à vue.
Entre les auditions frileuses, la nuit de la garde à vue, et ce mardi matin devant le tribunal, certains avaient retrouvé la mémoire, se montrant beaucoup plus loquaces. Si bien qu’avec des explications aussi précises, on s’y serait cru ! Cela n’échappe d’ailleurs pas à la présidente Sabine Orsel et Lucile Moutier, la substitut, plutôt surprises par « ces mémoires sélectives retrouvées et des langues qui se délient ».
Une vidéo de 10 secondes de l’interpellation
D’ailleurs, les trois avocats des prévenus, Mes Gilles Laurent, Philippe Vignon et Marc Antonini tentent, dans leurs différentes plaidoiries, d’infléchir et même influencer le tribunal à l’aide d’une vidéo de 10 secondes de cette interpellation. Car à l’aide d’un téléphone portable, une jeune femme, restée anonyme, a réalisé une vidéo remise à l’une des mamans des prévenus qui l’a déposée, le lendemain des interpellations au commissariat.
Sur l’écran géant donc ce mardi, installé dans le tribunal, des images de cette arrestation musclée, avec un son presque inaudible.
On décortique un, voire deux gestes mais des explications cohérentes sont fournies par les deux policiers, dont un fraîchement arrivé de la Corse : « Avec un atémi au cou pour immobiliser le prévenu agité (…) et un genou sur les jambes du forcené pour me saisir des mains alors sous le ventre, c’est ce l’on appelle une clé, une technique que l’on apprend en école de police pour mieux maîtriser lors d’une interpellation. »
Du côté des quatre prévenus, ils clamaient en chœur avoir été victime de violence policière tout en reconnaissant cependant « les insultes prononcées et les bouteilles de vodka absorbées ».
«Ici, ce n’est pas le IIIe Reich »
« On aura tout entendu, jusqu’à mettre la police en cause pour violence et ainsi échapper à leur responsabilité, s’enflammait Me Gilberte Carlier, l’avocate des six policiers. Je veux bien tout entendre mais cela ne correspond en rien aux procès-verbaux. Ces individus sont agressifs, vindicatifs et des coups ont été portés aux policiers. Certains de ces individus sont bien connus de la justice. »
Quant aux réquisitions du ministère public, elles ont démarré par des mots forts. Indéniablement, Lucile Moutier, agacée de voir cette affaire emmenée sur le terrain de la violence policière, a d’emblée lancé : « Ici, ce n’est pas le IIIe Reich, il n’y a ni führer et pas non plus de Goebbels. »
Presque toutes les peines qu’elle a demandées, ont été prononcées par le tribunal à l’issue des cinq heures de débat.
Source : Pierre Hallade pour l’Aisne Nouvelle