Chauny: Huit ans de prison pour avoir massacré un homme à coups de poing
A Chauny, tout le monde connaissait Ali. Déficient mental, cet homme de 46 ans est décrit comme « une figure» de la ville. « Toujours prêt à rendre service,» « gentil », « trop gentil», « courageux», selon ses proches, il ne voyait pas le mal. Mais, le 25 octobre 2013, Ali a croisé la route d’une « grenade dégoupillée » selon l’expression de son avocat Me Philippe Vignon.
Cette bombe de violence se nomme Marc Duriez. Lui non plus n’a pas toutes ses facultés mentales, en témoigne une élocution bien difficile mardi devant le tribunal correctionnel. Le portrait dressé par les juges de ce Saint-Quentinois de 38 ans est à l’opposé de la personnalité du Chaunois. Duriez est considéré par les experts et par son entourage comme impulsif, agressif et intolérant à la frustration. « J’ai vécu dans les cités. Si on ne montre pas les dents, on se fait marcher dessus», justifie-t-il.
Quinze heures d’agonie dans le hall
Le 25 octobre dernier, il a montré les dents et surtout sorti les poings contre Ali dont il venait de faire la connaissance le jour même. Les deux hommes se sont retrouvés dans l’appartement de Duriez rue Kennedy à Saint-Quentin par le biais de Catherine, une connaissance commune.
Ali était très proche de la dame même si cette dernière décrit leur relation « plutôt comme frère et sœur ». Il se faisait une joie de passer le week-end à Saint-Quentin en sa compagnie. Il était même allé chez le coiffeur et comptait arpenter avec elle les allées de la foire de la Saint-Denis.
Les poings de Marc Duriez vont en décider autrement. Dans la soirée du vendredi, Catherine, Ali et leur hôte écoutent un peu de musique, boivent beaucoup d’alcool. Vers 23 heures au moment de se coucher, Marc invite Catherine à partager son lit à l’étage. Elle refuse, préférant dormir à côté d’Ali, « comme frère et sœur» comme toujours. Mais Marc Duriez, ne le supporte pas. La grenade explose. Il donne plusieurs coups de poing à Ali avant de jeter le quadragénaire sur le palier comme une vulgaire serpillière. Il y restera jusqu’au lendemain midi, agonisant dans le hall de l’immeuble.
Entre-temps, Catherine est restée séquestrée dans l’appartement pendant toute la nuit. Lorsqu’elle peut sortir au petit matin, Duriez lui assure qu’il va lui-même appeler les secours. Il ne le fera qu’en milieu de journée.
La victime est devenue « un mort-vivant »
Depuis, Ali est « un mort-vivant» comme le résume Philippe Vignon. Seul le mouvement d’un œil rappelle qu’il est encore en vie. Les médecins doivent le nourrir artificiellement et, s’il s’en sort, il restera grabataire pour la fin de ses jours.
Pressé par son avocat Me Christophe Donnette de dire la vérité, après un an de dénégations, Marc Duriez a avoué du bout des lèvres être l’auteur de ces coups avant de dire qu’il ne se souvenait plus vraiment, puis d’expliquer qu’il n’avait fait que de « le pousser du canapé ».
S’il a évité la cour d’assises, il n’a pas échappé à la prison. Les juges ont suivi les réquisitions du ministère public en le condamnant à huit années de détention. Une peine qui ne satisfait pas grand monde car le prévenu, considéré comme potentiellement dangereux, sortira sans accompagnement judiciaire.